
Simone Veil : l’écriture (de la loi) pour abolir les captivités.
En janvier 1975, à peine trente ans après sa sortie d’Auschwitz, Simone Veil signe une loi éponyme apportant de nouveaux droits aux femmes.
Ce tracé empreint de discrétion, de simplicité traduit une lucidité alliée à l’essentiel. Sans trait accessoire, décoratif, la beauté du graphisme réside dans la force de l’encrage, l’intelligence de la sobriété. Les formes rondes forment des réceptacles épurés pour l’écoute, la compréhension.
La concentration, l’intériorité, la pensée se nourrissent des espaces laissés vides, de pauses utiles, d’un besoin de place pour la réflexion. Ainsi se dessine une esthétique de la sincérité et du sentiment pudique, l’empreinte d’un esprit subtil.
La signature de Simone Veil aurait pu revêtir une grandeur ministérielle, une emphase académicienne, mais il n’en est rien. La signature qui représente, en figure libre, la place que l’on revendique dans le champ social, est de taille identique au texte. Les extrémités de cette signature sont troublantes si l’on y voit des murs qui encadrent l’individualité ou le rappel de cette funeste parenthèse, sa compagne d’existence, une menace vivace, un marquage à l’encre.

