Que nous révèle l’écriture d’Antoine de Saint-Exupéry ?

Antoine de Saint-Exupéry

Il y a 80 ans, le 31 juillet 1944, lors d’une mission de reconnaissance au-dessus de la Méditerranée, l’aviateur est abattu par un avion de chasse allemand.

Le pilote de guerre, celui de Courrier sud, de Vol de nuit, l’auteur posthume de Citadelle ont tous disparu, à moins que ce soit Le Petit Prince, en personne ?

Si les écrivains masquent un peu d’eux-mêmes dans leurs histoires, leur graphisme éclaire la face la plus personnelle.

Ici la petite écriture, discrète, simple frappe par l’économie de mouvements, l’humilité, l’absence de représentation. La discrétion du tracé et donc de la personnalité intime contraste avec l’immense notoriété de la personnalité publique.

Celui qui était surnommé « Pique la lune » a une écriture dite montante comme un décollage, une hauteur de vue, une aspiration.

La légèreté du trait, soumis au vent, étonne pour quelqu’un qui a gravé une légende. L’auteur de « Terre des hommes « semble observer le monde du point de vue de l’oiseau.

Mais là, n’est pas la découverte la plus troublante…

Il y a un part d’enfance dans le trait du grand homme. 

Pourquoi donc cet écrivain à l’écriture sage, d’artiste tant la sensibilité est perceptible se jetait-il en permanence dans de périlleuses aventures ?

Interprétation très personnelle, mais ce tracé essentiellement dans la zone médiane, sans grand dépassement, ondule entre des bornes étroites faisant penser à l’amical serpent philosophe du Petit Prince

Les mots sont épurés, aux formes douces, naïves, minimalistes. La pensée est pénétrante, fluide, sans contrainte, comme l’eau s’infiltre dans les failles des hommes, elle va au bout de son voyage comme une nécessité, un destin.

Et si le graphisme serpentin de Saint-Exupéry incarnait cette voix intérieure amicale et tragique, cette vue d’en haut la folie du monde. La tête dans le ciel mais atterrissant parfois ventre -à-terre, il y a un paradoxe dans la simplicité de l’écriture qui condense les messages complexes, dit beaucoup en presque rien. 

Comme le serpent invite à la connaissance et aide le Petit Prince, par la morsure, à retrouver son étoile, n’y avait-il pas, en lui cette quête d’exploration, jusqu’à provoquer les déserts, les océans, le feu ennemi pour connaître le monde, le reconnaître ? 

C’est en reconnaissance qu’il périt comme pour retourner au plus vite d’où il venait.

Depuis « Pique la lune » s’occupe peut-être d’une rose et d’un mouton sur sa planète. Il nous a laissé son écriture, petite de forme, immense d’impact pour des générations de lecteurs.

écriture manuscrite, autographe d'Antoine de Saint-Exupéry, dans Le Petit Prince

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