Le 25 novembre 1985, disparaissait à l’âge de 73 ans, à Rome, une icône de la littérature italienne.
Sa vie, comme un roman tragique, débute avec la première guerre mondiale, de lourds secrets de famille se poursuit avec la seconde. Son œuvre en sera marquée. L’écriture lui apporte le succès, l’accès au monde des lettres et du cinéma. Elle forme, pendant vingt ans un couple aussi mythique que chaotique avec Alberto Moravia. Trop lucide pour être sereine, le roman sera, sans doute son moyen de vivre, de témoigner de l’existence des gens ordinaires percutés par l’Histoire.
Le choix du feutre pour écrire large est comme le besoin de coller, d’épouser la réalité, de tracer sa route, de la vivre dans toute la largeur avec ses hauts et ses bas. De fait, il y a des côtes, des mots de direction ascendante, des espoirs, une majorité de descentes aussi jusqu’au désespoir comme la conscience d’une lutte (de ses personnages) dérisoire. Pourtant, elle mène son combat avec force, passion, rythme, indépendance, affirmation, doute, idéalisme.
Les lettres simplifiées montrent une intelligence agile, créatrice ; le trait sensuel et galbé, une pâte humaine.
Elsa Morante, une signature, sang bleu de la littérature italienne, une trace intime d’elle, charnelle, pour que l’universelle histoire notamment des femmes ne soit complètement vaine (La Storia 1974).
