Le 07 novembre 1867 naissait, à Varsovie, Marie Sklodowska. Elle épousera Pierre Curie en 1895 et consacrera sa vie à la recherche en physique et chimie (radium, polonium). Ses travaux sur les rayonnements radioactifs participeront notamment au traitement du cancer. Son engagement en tant que radiologue auprès des soldats pendant la guerre 14-18 l’exposera aussi, trop sans doute ; elle décède d’une leucémie à l’âge de 66 ans.
Ce tracé manuscrit de Marie Curie date de 1917. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a 50 ans, veuve, et est à l’origine de la transformation de voitures de tourisme en ambulances équipées de matériel de radiologie pour diagnostiquer et soigner les blessés, fracturés, au plus près des combats. Ces véhicules seront appelés « les petites Curies ».
Les temps ne sont alors pas tendres, l’écriture non plus. Le graphisme est grand, affirmé, dur. Les traits rigoureux côtoient des boucles rondes et fermées, le sentiment cadenassé par la droiture et l’intériorité. Le rythme, même à plus d’un siècle de distance, est soutenu, privilégie l’essentiel, tout en gardant une tenue très contrôlée. La calligraphie est respectée comme une politesse, une éducation stricte, une exigence quant à soi sans faiblesse. Pour autant, l’inclinaison presque couchée avec un trait épais, extrêmement volontaire, marque une indépendance, une détermination, une obstination, une autorité, une passion, une aptitude à bousculer les habitudes. N’est-ce pas le propre de la recherche ? Les finales de lettres sont acérées, signes d’un esprit critique, au rayon X, d’un caractère vif.
Fallait-il cette force pour s’imposer dans le cercle masculin des savants de l’époque, à la Sorbonne comme enseignante, deux fois Prix Nobel (la seule dans l’histoire à ce jour) ?
Un tracé exceptionnel à célébrer en ce jour anniversaire par une sorte de radiologie du caractère par l’écriture !
